L'Art-thérapie évolutive auprès des femmes et des enfants ayant subi des violences
Après la violence du conjoint, il y a les soucis de la vie après la séparation : les blessures des enfants, les visites du père en présence d’un médiateur, le maintien des droits parentaux du père, la perte du logement…Tout ceci engendre des dégâts collatéraux sur la mère, la femme, les enfants.
Les mamans que j’accompagne dans le cadre d’une association ont subi des violences conjugales dont les effets sont parfois dévastateurs pour leur santé mentale et physique.
Les conséquences : une grande majorité d’entre elles manque de confiance en elles quand je leur demande d’exprimer leur point de vue. Dans la vie quotidienne, lorsqu’elles rencontrent une difficulté, elles peuvent être paralysées par la peur. La honte est également quelque chose de récurrent, ceci lors d’échanges en premier lieu avec le voisinage mais aussi et surtout avec les représentants institutionnels : enseignants, éducateurs, psychologues, les policiers… Chez toutes celles que j’ai accompagnées, il ressort un profond sentiment de dévalorisation.
Les rencontres avec un Art-thérapeute les questionnent dans un premier temps. Avec la méthode d’Art-thérapie évolutive l’expression est plus aisée, la parole n’est pas nécessaire. C’est pourquoi je propose des ateliers parent-enfant(s). La création, le dessin, le plaisir y prendront une grande place.
Proposition de différentes possibilités d'accompagnement
L’accompagnement peut prendre différentes formes : des ateliers collectifs, des ateliers personnalisés ou/et individuels, des groupes de parole mère- enfant(s), des ateliers thématiques, des ateliers à domicile.
Méthode évolutive , déroulement, thématique
Les premiers accompagnements, dans le respect du rythme de chacun mais aussi de l’âge des enfants, vont permettre à l’art thérapeute, et progressivement aux participants, de découvrir les liens qui unissent les membres de la famille, par ce qui va se jouer entre la mère et l’enfant lors de séances de 1h30.
Voici quelques unes des portes d’entrée que je peux proposer : « dessine-moi ton prénom » ou « dessine-moi un arbre que tu aimes et dont tu prendrais soin », puis il y a un atelier sur les émotions. En avançant dans le temps les thèmes se précisent (temps d’échange entre membres de la famille comme rituel de bienveillance, « dessine-moi ta famille ou ta fratrie », « dessine ton portrait », écriture et illustration d’un conte à l’aide de cartes ludiques…)
Le descriptif du dessin fait avec les mamans et les enfants va faire apparaître les représentations symboliques qu’ont le parent et l’enfant, les représentations inconscientes que se fait l’enfant de ses parents et inversement. Ce descriptif fait apparaître bien d’autres informations sur les ressentis et vécus individuels et croyances de la famille. Les informations ainsi collectées sont et seront essentielles pour mieux comprendre, pour rechercher des solutions ensemble, et pour orienter les familles.
Des ateliers de groupe
1 /L’intention de ces ateliers de groupe, c’est d’accompagner, de reconstruire, de légitimer, la « parentalité bienveillante ».
2 /Pource qui est de l’enfant, l’intention est de le faire participer afin qu’il partage avec sa maman ce temps de création thérapeutique dans une relation bienveillante, sécurisante, de tendresse et en même temps dans quelque chose de ludique.
3/ La méthode permet de se délester d’émotions négatives et aussi de poser, si les participants le veulent bien, des émotions positives et de les développer, de les mettre en avant.
4 /les ateliers de groupes permettent à certaines familles enfants et adultes, ayant rencontré des expériences très similaires de comparer leur point de vue, de proposer des solutions. Cependant ces ateliers de groupe présentent certaines limites du fait du nombre et de la « mixité » des participants (enfants et adultes d’âges différents, à des étapes différentes d’avancée dans leur problématique). Le manque d’intimité, la pudeur pour s’exprimer sur des sujets aussi intimes en présence de personnes qu’ils ne connaissent pas sont aussi des freins et les limites de ce type d’ateliers.
Les ateliers personnalisés ou/et individuels , parfois à domicile
Ces ateliers à domicile sont un confort pour les familles avec plusieurs enfants. D’après mon expérience, ces ateliers sont indispensables. Il est très intéressant de voir la famille plus décontractée évoluer dans son environnement. Toutefois, il convient d’allier ce genre d’atelier à d’autres types de prise en charge.
– Etant donné l’impact traumatique des violences et la configuration de ces familles, il est facilitant pour les familles de leur proposer aussi quelquefois des ateliers de suivi au sein strict de la famille (ici j’entends la mère et les enfants) qui à elle seule constitue déjà un groupe.
– Puis au sein de cette famille répondre aux problématiques et thématiques individuelles, en répondant aux besoins de chacun : besoins des enfants, besoins des adolescents de la fratrie et besoins de la maman. Chacun a des besoins propres, singuliers.
Conclusion
J’ai fait des propositions d’ateliers qui se sont appuyé sur le groupe, puis j’ai allié, harmonisé, ce travail de groupe avec le travail individualisé qui fut un facilitateur. Cela a permis de créer plus de confiance, de complicité, d’obtenir un complément d’information. De plus cela a permis à des adolescents qui refusaient de se déplacer sur les ateliers collectifs, d’accepter à domicile un atelier de création ou un échange verbal. En tant qu’Art thérapeute j’ai pu constater que ces temps individualisés ou à domicile ont accru la participation régulière des familles aux ateliers d’Art- thérapie, (que ce soient les ateliers collectifs ou les ateliers individuels) et ont en général optimisé la qualité et les résultats de la pratique.